La fabrication d’une guitare nécessite des dizaines d’heures de travail. Entre les mains du luthier, les planches de palissandre, d’ébène et d’épicéa prennent peu à peu forme sous les passages répétés de ses outils. Un travail de précision dont tous les choix de formes, d’épaisseurs et de matériaux résulteront de la qualité d’une guitare. Vous vous êtes sûrement demandé ce qui faisait la qualité et la singularité d’un instrument fabriqué par un luthier ? Dans cet article, je vais essayer de vous expliquer comment le luthier sculpte le son et qu’est-ce qui influence la réussite finale d’un instrument.
Description rapide de l'instrument

La caisse de résonance ou harmonique est constituée par les éclisses (les deux côtés), le fond et la table où est pratiquée l’ouverture sonore (ou bouche ou rosace).
Collé sur la table, le chevalet transemet les vibration de la corde à la table d’harmonie qui se met à son tour à vibrer.
Collés sous la table, les barres d’harmonie transversales et les barrettes longitudinales forment le barrage de table. Les 5 à 9 barrettes, souvent disposées en éventail, sont désignées ensemble par le mot “l’éventail”. Leur disposition n’est pas le fruit du hasard, elle permettent de rigidifier ou assouplis des zones de vibrations en travaillant sur les basses et les aigües et ainsi d’équilibrer le son.
Définition du son d'une guitare
Lorsque l’on démarre un projet, on va d’abord définir le type de guitare et le son recherché par l’instrumentiste. Chaque guitariste recherche des caractéristiques différentes du son.
Le modèle de guitare
Lorsque l’on démarre un projet, on va d’abord définir le type de guitare et le son recherché par l’instrumentiste. Chaque guitariste recherche des caractéristiques différentes du son. Ce timbre va être défini par de nombreux facteurs qui auront une répercussion sur l’acoustique qui dépendra directement de sa morphologie. Ainsi, en définissant la forme des contours de la caisse de résonance avec le musicien, l’artisan pourra définir les grandes lignes sur lesquelles vont reposer les fondations du son. Chaque étape qui va suivre devra prendre en compte cette décision initiale.
Les critères de sonorité d'une guitare
Il existe un large champ de création possible avec la multitude de critères variables qui définissent à peu près la sonorité de la guitare :
– La puissance
– La longueur de son (sustain)
– Le timbre (la qualité, le grain de la voix, sa couleur).
– L’équilibre entre graves et aigus.
– Le toucher facile ou difficile de l’instrument.
– L’homogénéité des sons.
– La spontanéité de la réponse et la sensibilité.
– L’attaque du son (marquée ou discrète), sa définition.
– Le contraste de timbre aisé (jeu “clavecin” ou “piano”) et dynamique.
– Les résonances sympathiques, fortes ou non.
– La clarté dans les accords, la polyphonie ou opacité.
Le choix des essences

La table d'harmonie
Bien qu’il n’y ait que deux essences (épicéa et cèdre) qui soient réellement considérées pour la fabrication des tables d’harmonie. Il y a néanmoins d’énormes différences de qualité entre deux pièces de ces mêmes espèces. La densité et sa structure interne peuvent varier, même au sein de la même planche. Mais de manière générale d’un bois léger va résulter une sonorité plus riche mais étouffée. Alors que les bois plus denses donnent un résultat plus froid mais puissant. Le choix du modèle et le travail précis du barrage et des épaisseurs vont pouvoir contrebalancer la nature du bois.

La caisse de résonnance
Les essences de la caisse de la guitare sont principalement sélectionnées en fonction de leur esthétiques, mais surtout en raison de leurs qualités acoustiques.
Le choix du type de bois est moins critique que pour la table d’harmonie : celui-ci colore le son de l’instrument, donnant une personnalité, une signature sonore propre et favorisant un registre précis ou prolongeant la note.

Le manche
Ce sont surtout leurs propriétés mécaniques qui déterminent le choix des bois utilisés pour les manches et les touches. Le manche d’une guitare subit de la part des cordes une traction permanente, qui tend à l’arquer et à le déformer. Le bois choisi doit être dur et stable. La moindre tendance à se tordre ou à se voiler sera accentuée par la traction des cordes. Mais il doit aussi être léger, afin qu’entre les mains du musicien l’instrument offre une tenue équilibrée.
le savoir-faire du luthier
Le travail du bois est l’élément clef dans le façonnage du son.
Une différence de plus ou moins un dixième de millimètre peut être tout ce qui sépare la réussite de l’échec. Il est surtout important pour le luthier de prendre en compte les facteurs précédents pour réaliser les épaisseurs.
Les voûtes, la densité et la flexibilité du bois vont avoir un impact direct sur la matière à enlever. C’est à ce moment qu’un équilibre fragile est mis en place et l’expérience (ou certaines machines) nous aident à savoir quand ne pas dépasser la limite.
Le savoir-faire, la technologie, le ressenti et l’expérience vont dicter le travail du luthier.
La fabrication d'une guitare classique
Pour un luthier, il est primordial de comprendre la manière dont les sons sont produits par la guitare. Il existe une multitude de facteurs qui vont influer sur le caractère sonore d’un instrument. La note générée au moment ou le doigt pince la corde va initier un nombre important d’autres vibrations qui ensemble créent le caractère spécifique de la sonorité de l’instrument. Chaque luthier développe une approche individuelle et un processus de fabrication qui lui est propre, suivant une logique personnelle. Pour ma part, je m’inspire beaucoup de méthodes traditionnelles qui pour beaucoup trouvent leur origines en Espagne.
Méthodes de construction

Il existe différentes méthodes de construction d’une guitare et certaine luthiers ont développé une méthode de construction calquée sur celle utilisée pour la fabrication des violons. Elle consiste à assembler l’instrument à l’aide d’un moule externe, comme l’utilisait Friedrich ou d’un moule interne comme Fleta. La caisse de l’instrument est ainsi assemblé d’un côté, et le manche réalisé d’un autre côté vient se fixer sur le tasseau haut du corps de la guitare par un assemblage en queue d’aronde.

La deuxième méthode, dite “traditionnelle Espagnole” est une approche totalement différente qui consiste à assembler la guitare sans la contrainte d’un moule. On travaille plus librement en montant l’instrument sur une plate-forme de montage appelée “solera”. La table assemblée est fixée sur la plate-forme, le manche et le tasseau du bas sont collés sur elle. Les éclisses préalablement formées sont positionnées sur la table et insérées dans le talon du manche. Elles sont maintenues à l’aide de petits blocs de bois. Finalement; le fond est posé et vient fermer la guitare.
Les étapes de fabrication d'une guitare
La Table d’harmonie : Débits – Joints – Détourage et perçage de la rosace – Réalisation de la rosace – Pose de la rosace – Mise à épaisseur de la table – Traçage du barrage – Renfort de la rosace – Barrage éventail – Mise à épaisseur de l’éventail – Pose de la barre d’âme ou du renfort de chevalet.
Le Fond : Débit et mise à épaisseur – Joints – Couvre-joints – Pose des barres de renfort.
Les éclisses : Débit et mise à épaisseur – Cintrage du bois – séchage
Le manche : Débit et mise à épaisseur – Sciage angle de tête – Préparation des pièces du talon – Assemblage – Ebauche
L’Assemblage : Ajustage des éclisses sur le manche – Montage de la table sur le manche – Ajustage définitif des éclisses – Collage du tasseau bas assemblant les éclisses – Collage des éclisses sur la table – Taquets de barres – Pose des contre-éclisses – Arasage des contre-éclisses – Ajustage du fond – Collage du fond.
Les Filets : Préparation des filets – Préparation des logements des filets – Pose des filets – Arasage des filets
La Touche : Débit et mise à épaisseur – Polissage de la touche – Collage de la touche – Collage et placage de la tête.
La Tête et talon de manche : Sculpture du talon – Traçage et sculpture de la tête – Perçage des mécaniques
Le Chevalet : Débit et façonnage – Perçage – Mosaïque – Finition – Pose et collage du chevalet.
Le Frettage : Dressage de la touche (renversement) – Division et sciage des logements des frettes – Pose des barettes – Ajustage et finition des frettes.
Le Vernissage : Préparation des surfaces – Bouche-porage – Application du vernis – Polissage
Le Montage de l’instrument : Réalisation et pose des sillets de tête et de chevalet – Pose des mécaniques – Montage des cordes et accordage
Le Réglage : Ajustement hauteur du sillet de tête – Réglage de l’action (H12) – Compensation du sillet de chevalet.
conclusion
Comme vous l’aurez constaté, la fabrication d’une guitare comprend un si grand nombre d’étapes qu’il est impossible d’en définir une méthode définitive donnant assurément un résultat final. S’il est pas contre une règle qu’il faut suivre tout au long du processus de fabrication, c’est de garder en tête le résultat final recherché et penser la construction dans une globalité et non comme une succession d’étapes sans relation entre elles.
Chaque luthier développe une approche individuelle et un processus de fabrication qui lui est propre, suivant une logique personnelle. Quoiqu’il en soit, si on a mis au point un barrage, un ensemble qui donne de bons résultats, on conserve précieusement la formule en tentant des variations pour l’améliorer et l’adapter aux différents guitaristes.