Vers la fin du XIX°siècle, Orville H. Gibson construisait déjà des instruments qui présentaient une table cintrée. De superbes créations qui allaient considérablement influencer la production de la compagnie Gibson pendant des décennies. Les modèles acoustiques classique à table cintrée, la L5 et plus tard la Super 400, étaient conçues pour leur volume. Mais avec l’apparition de la guitare électrique, ces deux modèles ont été abandonnés pendant les années 50.
Naissance de la Gibson L5
Créée vers 1923, la Gibson L5 définit la ligne des premières guitares acoustiques à table cintrée. Cette guitare fût dessinée principalement par Lloyd Loar et certains des premiers exemplaires portent même sa signature. Cette guitare fût l’une des premières à être dotée d’ouïes au lieu de la rosace arrondie classique, et d’une plaque de protection.
La L5 d’origine, construite entre 1923 et 1936, possède une caisse relativement petite, à son point le plus large, elle mesure un peu plus de 40cm. La Table est en sapin, et la couleur riche et foncée était appelé “brun Crémone” chez Gibson. Sur les toutes premières L5, le dos et les éclisses étaient en bouleau, qui sera plus tard abandonné et remplacé par de l’érable. En 1934, le corps sera élargi.
Le cordier est un modèles simple en “trapèze”, la touche présente des incrustations de repère en points, qui seront remplacés par des blocs en 1929. La tête “de serpent” est plus étroite en haut qu’à la base. On peut aussi remarquer les mécaniques plaquées or.
1939, LA L5P : Le “P” signifie Premier, un terme utilisé pour indiquer une guitare munie d’un pan coupé. Cette option est apparue sur les L5 et Suoer 400 vers 1939. Le suffixe P sera remplacé par un C pour Cutaway à partir de 1949.
GIBSON L5 1934
Vers une électrification de la guitare
Dans les années 1930, les guitaristes recherchaient un volume plus puissant, pour mieux se détacher au sein d’un orchestre, dans lequel la guitare acoustique jazz était souvent cantonnée à un jeu d’accompagnement rythmique. Pour le travail en studio, ils optaient plutôt pour le banjo. C’est ainsi qu’un certain nombre de fabriquants ont construits des instruments électroacoustique. Gibson ne dérogea pas à la règle et lança en 1935, le modèle ES150, première guitare “Espagnole Electrique” de cette compagnie. (ES=Espagnole Electrique).
En 1951, Gibson décide d’électrifier ses deux plus célèbres modèles : la L5 et la SUPER 400. Cela aboutit à la création des version CES (initialement nomées SCE) de ces deux guitares, créés avec un pan-coupé arrondi, C pour Cutaway et ES pour Electric Spanish.
La L5CES, encore aujourd’hui produite, est utilisée par de très nombreux guitaristes. Elle représente en quelque sorte le standard de la guitare jazz électrique. Elle est notamment associée à Wes Montgomery qui utilisa exclusivement ce modèle dans les années 1960. De nombreux autres guitaristes très en vue en firent leur instrument de prédilection pendant quelques années, comme Scotty Moore, Dave Barbour, Kenny Burrell ou Tony Mottola.

Les évolutions de la GIBSON L5 CES
Comme pour toutes les L-5 (hormis la L-5S), la table de la guitare est sculptée en Epicéa massif, dans la tradition des guitares jazz haut de gamme de la marque. Elle est similaire à la L5 acoustique, mais son barrage parallèle est renforcé de sorte à pouvoir supporter les micros malgré les découpes permettant de les insérer. Elle reprenait aussi les éléments de la L5 acoustique, comme le cordier en or et argent décoré et gravé et porte toujours des repères de formes rectangulaires incrustés sur une touche en ébène. Les éclisses sont de profondeur classique : 86mm.
Le dos et les éclisses sont réalisés en érable. La plupart des L-5CES ont un dos composé de deux pièces massives sculptées plus ou moins figurées, à l’exception de celles construites entre 1961 et 1969, qui possèdent un dos laminé, comme l’ensemble des modèles “CES” de cette période. Le manche collé est composé de deux parties d’érable séparées par une lame de noyer jusqu’en 1962, puis trois parties d’érable et deux lames de noyer, et est surmonté d’une touche en Ébène munie d’inserts rectangulaires en nacre.
Jusqu’en 1957, ces guitares étaient équipées de micros à ressort unique de type P90 puis, en 1954 deux P-480 “alnico”. Les micros Humbuckers firent leur apparition en 1957 remplaçant ainsi les micros à ressorts uniques. Depuis, la plus grande partie des L-5CES est équipée de deux micros, mais Gibson a lancé en 1993 une série nommée “Wes Montgomery”, ne comprenant qu’un micro, en position manche, et des bois moins décoratifs, de sorte à réduire les coûts de production, et pouvoir proposer ce modèle à un prix -un peu- moins exclusif.
Vers les années 60, une version cutaway pointue fait son apparition, mais à la fin de la décennie, en 1969, Gibson reviendra à sa version originale arrondie.

GIBSON L5 CES

GIBSON L5 CES WES MONGOMERY
La L5 CES ayant toujours été produite de manière assez artisanale (autour de 50 à 100 exemplaires par an, quelques années atteignant environ 200), elle a souvent fait l’objet de commandes spéciales, de sorte que l’on retrouve de nombreux modèles atypiques depuis sa création.
Les codes des modèles Gibson
Les numéros des Gibson à table cintrée et des guitares semi-solid porte souvent un code en préfixe qui indiquent les différentes options :
ES = Electrique Spanish (caisse creuse et micro fixe)
T = Fine (Caisse peu profonde)
D = Double (deux micros)
C = Cutaway (peut aussi évoquer une finition cerise dite Cherry)
3/4 = Trois quarts de la taille normale et manche court
S/V = Stéréo et Varitone (branchement et réglage en option)
Sources
“Le grand livre de la guitare” Tony Bacon, éditions Minerva
“Gibson L5 CES” article wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Gibson_L-5_CES
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